Un changement de cap énergétique qui redéfinit les priorités
Dans notre accompagnement quotidien des entreprises tertiaires, nous constatons une inquiétude légitime face aux orientations annoncées. Le communiqué gouvernemental confirme officiellement « le décalage dans le temps des objectifs de production d’électricité à partir d’énergie renouvelable (photovoltaïque, éolienne terrestre et maritime) ». Cette révision s’appuie sur un constat : « le dynamisme de la consommation plus faible qu’escompté sur les dernières années ».
Traduction concrète : les objectifs photovoltaïques, initialement fixés pour accompagner la croissance de la demande électrique, sont revus à la baisse. Cette décision impacte directement la dynamique du marché professionnel, alors que les entreprises tertiaires s’engageaient massivement dans des projets d’autoconsommation pour répondre au décret tertiaire et optimiser leurs factures énergétiques.
Parallèlement, le Gouvernement annonce « l’augmentation de l’objectif de développement du nucléaire », confirmant une stratégie énergétique qui privilégie désormais l’atome aux énergies renouvelables décentralisées.
Révolution tarifaire en vue : ce qui va changer pour les toitures professionnelles
La PPE 3 annonce des évolutions majeures du système de soutien au photovoltaïque professionnel, avec des conséquences directes sur la rentabilité des projets. Le Gouvernement prévoit l’« abrogation de certains arrêtés tarifaires et passage à des appels d’offres simplifiés pour le petit photovoltaïque en toitures (première période en septembre) ». Cette mesure vise à « recentrer le soutien à la filière et de mieux responsabiliser les producteurs ».
Impact immédiat : les conditions tarifaires actuelles, qui garantissaient un prix de rachat fixe sur 20 ans, laissent place à un système concurrentiel. Les entreprises devront désormais répondre à des appels d’offres pour sécuriser leurs conditions de vente d’électricité.
Dans notre expérience terrain, cette évolution transforme fondamentalement le modèle économique des installations photovoltaïques professionnelles. Les entreprises qui bénéficiaient jusqu’ici d’une visibilité tarifaire à long terme devront désormais intégrer une dimension concurrentielle dans leurs projets.
Nouveaux dispositifs de soutien au photovoltaïque au sol
Parallèlement, la PPE 3 annonce la « publication de l’arrêté tarifaire relatif au soutien du petit photovoltaïque au sol ». Cette mesure pourrait ouvrir de nouvelles opportunités pour les entreprises disposant de foncier disponible (parkings, terrains industriels, zones de stockage).
Cette orientation répond aux besoins croissants des entreprises tertiaires soumises à l’obligation d’ombrières photovoltaïques sur leurs parkings de plus de 1 500 m². Notre accompagnement des gestionnaires de centres commerciaux et d’entreprises industrielles montre un réel potentiel sur ce segment.
Intégration de la flexibilité dans les dispositifs de soutien
Une nouveauté majeure : « l’ajout de considérations relatives à la flexibilité de la consommation et de la production, notamment dans le cadre des dispositifs de soutien aux énergies renouvelables afin de responsabiliser les producteurs sur l’impact de leur production sur le réseau électrique ».
Conséquences pratiques : les futures installations devront intégrer des solutions de stockage ou de pilotage intelligent pour optimiser l’injection sur le réseau. Cette évolution favorise les projets d’autoconsommation avec batteries, particulièrement adaptés aux besoins du tertiaire.
Comment anticiper ces changements dans votre stratégie énergétique
Face à ces évolutions réglementaires, notre expérience terrain montre qu’une adaptation rapide est nécessaire pour maintenir la rentabilité des projets photovoltaïques.
Les entreprises ayant des projets photovoltaïques en développement ont intérêt à finaliser rapidement leurs dossiers avant l’entrée en vigueur des nouvelles règles. Les conditions tarifaires actuelles restent garanties pour les installations dont les demandes de raccordement sont déjà déposées.
Cette fenêtre d’opportunité est particulièrement critique pour les projets de grande envergure (toitures industrielles, ombrières de parking) dont les délais de développement peuvent s’étaler sur plusieurs mois.
Privilégier l’autoconsommation avec stockage
L’évolution vers la flexibilité énergétique renforce l’attractivité des projets d’autoconsommation couplés à des solutions de stockage. Cette approche permet de maximiser l’utilisation locale de l’électricité produite, de réduire la dépendance aux tarifs de rachat et d’anticiper les futures exigences de flexibilité réseau.
Dans notre accompagnement des entreprises tertiaires, nous observons que les bâtiments avec des profils de consommation adaptés (bureaux, commerces, industrie) peuvent atteindre des taux d’autoconsommation de 70 à 80% avec des solutions de stockage dimensionnées correctement.
Étudier les opportunités du photovoltaïque au sol
Pour les entreprises disposant de foncier (zones de stockage, parkings étendus), l’annonce d’un nouveau dispositif de soutien au photovoltaïque au sol ouvre des perspectives intéressantes, notamment pour les ombrières de parking devenues obligatoires.
Les secteurs tertiaires les plus impactés
Les enseignes de grande distribution, particulièrement concernées par l’obligation d’ombrières photovoltaïques sur leurs parkings, doivent rapidement clarifier leur stratégie. L’évolution tarifaire pourrait rendre ces projets moins attractifs financièrement, nécessitant une réévaluation des modèles économiques.
Les immeubles de bureaux, souvent équipés de grandes toitures plates, verront leur modèle économique photovoltaïque évoluer. L’autoconsommation devient plus stratégique que la vente totale, particulièrement avec l’intégration d’exigences de flexibilité.
Les sites industriels, gros consommateurs d’électricité en journée, sont naturellement positionnés pour tirer parti des nouveaux dispositifs axés sur l’autoconsommation et la flexibilité. Leur profil de consommation diurne s’aligne parfaitement avec la production photovoltaïque.
Adaptation des stratégies de financement photovoltaïque
Dans notre accompagnement des entreprises tertiaires, nous observons que cette transition réglementaire impose une approche plus globale de la stratégie énergétique. Le photovoltaïque ne peut plus être envisagé isolément, mais doit s’intégrer dans une démarche complète incluant l’optimisation des consommations via la GTB, la mutualisation énergétique à l’échelle du parc immobilier, l’intégration de solutions de stockage et de pilotage intelligent, et l’anticipation des futures obligations de flexibilité réseau.
Cette évolution nécessite également une réévaluation des montages financiers. Les entreprises doivent désormais intégrer l’incertitude tarifaire dans leurs business plans et explorer de nouveaux modèles comme les contrats d’achat d’électricité de long terme (PPA) ou les solutions de financement tiers-investisseur adaptées au contexte concurrentiel.
Notre expertise en optimisation énergétique nous amène à recommander une approche modulaire des projets, permettant d’adapter les installations aux évolutions réglementaires futures sans remettre en cause l’ensemble de l’investissement.
Calendrier d’application et recommandations stratégiques
La PPE 3, bien que provisoire dans l’attente du vote de la loi « Gremillet », dessine déjà les contours d’un nouveau modèle énergétique. Les entreprises tertiaires qui sauront s’adapter rapidement à ces évolutions conserveront leur avantage concurrentiel dans la course à la performance énergétique.
La consultation publique ouverte jusqu’au 5 septembre 2025 offre encore une fenêtre d’expression pour les professionnels du secteur. Cette période est cruciale pour finaliser les projets en cours sous l’ancien régime et préparer les adaptations stratégiques nécessaires.
Notre recommandation : profiter de cette période de transition pour finaliser les projets photovoltaïques en cours, réévaluer les stratégies énergétiques globales en intégrant les nouvelles contraintes de flexibilité, et préparer une approche adaptée aux futurs appels d’offres concurrentiels. L’accompagnement d’un expert devient plus que jamais indispensable pour naviguer dans ce contexte réglementaire en mutation et optimiser les opportunités dans le nouveau cadre énergétique français.