Le CSE : levier d’influence pour la politique énergétique
Le CSE rassemble les principales parties prenantes du secteur énergétique français, créant ainsi un écosystème décisionnel complet : parlementaires, représentants des collectivités territoriales, associations de consommateurs, entreprises et fédérations du secteur énergétique, et représentants du personnel des industries électrique et gazière. Cette diversité garantit que les intérêts économiques et stratégiques des entreprises du secteur tertiaire sont représentés dans l’élaboration des politiques énergétiques.
Impact sur la stratégie des entreprises
Bien que consultatifs, les avis du CSE influencent considérablement les décisions réglementaires qui déterminent les investissements énergétiques des professionnels. Jean-Luc Fugit souligne que l’organisme assure « un dialogue régulier et un lien étroit entre les principales parties prenantes du secteur de l’énergie », facilitant ainsi l’émergence de solutions adaptées aux contraintes économiques des entreprises.
Les enjeux au cœur du CSE
RE2020 : nouveaux leviers de performance
La Réglementation environnementale 2020, en vigueur depuis janvier 2022, a franchi un cap décisif le 1er janvier 2025 avec le renforcement des seuils carbone. Le projet de décret qui sera examiné lors de la réunion du CSE vise à étendre le champ d’application de la RE2020 à de nouvelles catégories de bâtiments tertiaires.
Bénéfices business pour les professionnels :
- Amélioration de la valeur immobilière des actifs tertiaires conformes aux nouvelles normes
- Réduction des coûts d’exploitation grâce à une meilleure efficacité énergétique
Avantage concurrentiel pour les entreprises adoptant rapidement les nouvelles exigences
Attractivité accrue pour les locataires et investisseurs sensibles aux critères ESG
Les modifications de la RE2020 pour 2025 constituent un levier stratégique pour moderniser le parc immobilier tertiaire tout en répondant aux attentes des clients et partenaires en matière de responsabilité environnementale.
CEE : réformes et opportunités financières
Le dispositif des Certificats d’économies d’énergie (CEE) arrive au terme de sa cinquième période (2022-2025), avec un objectif ambitieux de 3 100 TWhc. Avec seulement 1 928 TWhcumac délivrés entre janvier 2022 et octobre 2024, il reste un déficit de 1 172 TWhc à combler d’ici fin 2025.
Évolutions stratégiques des CEE pour les décideurs du tertiaire :
- Révision des fiches d’opérations standardisées dans le secteur tertiaire
- Introduction d’un nouveau Coup de pouce Rénovation globale collectif (BAR-TH-177)
- Renforcement des contrôles sur place (15% au lieu de 12,5%) et par contact (30% au lieu de 25%)
- Hausse de 1% des plafonds de revenus des ménages modestes et précaires
- Préparation de la sixième période (2026-2030) avec de nouvelles règles d’éligibilité
Ces évolutions représentent à la fois des opportunités et des défis pour les gestionnaires d’immobilier tertiaire. La réunion du CSE apportera des précisions essentielles sur l’accessibilité des aides financières qui permettront d’optimiser les investissements énergétiques des entreprises.
GTB : l’intelligence au cœur de la transition
Bien que non explicitement mentionnée dans l’ordre du jour officiel, la Gestion Technique du Bâtiment (GTB) sera très probablement évoquée lors de la réunion du CSE, tant son rôle est devenu central dans la transition énergétique du secteur tertiaire. L’échéance du 1er janvier 2025 rendant obligatoire l’équipement en systèmes d’automatisation et de contrôle pour tous les bâtiments tertiaires non résidentiels (décret BACS) fait de ce sujet un point incontournable dans les discussions sur la performance énergétique des bâtiments.
La GTB représente désormais bien plus qu’une simple obligation réglementaire, c’est un véritable levier de compétitivité :
- Optimisation fine de la consommation d’énergie avec des économies pouvant atteindre 30% grâce à l’automatisation intelligente
- Interface avec les réseaux intelligents et participation à la flexibilité électrique, une tendance majeure identifiée pour 2025 : « GTB = IoT+IA… nouvelle équation gagnante de l’autorégulation
- Valorisation des données énergétiques pour une conformité simplifiée au décret tertiaire (Éco Énergie Tertiaire)
L’évolution récente du dispositif CEE GTB, prolongé jusqu’en 2025 avec une mise à jour des montants et conditions, ainsi que la modification de la fiche BAT-TH-116 introduisant des contrôles systématiques seront vraisemblablement abordées lors des discussions sur les CEE. Ces mécanismes représentent un levier financier essentiel pour accélérer le déploiement des solutions GTB dans les bâtiments tertiaires.
Géothermie : axe stratégique de décarbonation
Le développement de la géothermie constitue une opportunité majeure pour les bâtiments tertiaires cherchant à réduire leur empreinte carbone tout en maîtrisant leurs coûts énergétiques. Le plan d’action national présenté en décembre 2023 vise à faire de la France un leader européen de la géothermie, avec un objectif ambitieux : produire suffisamment de chaleur géothermale pour économiser 100 TWh/an de gaz d’ici 15 à 20 ans.
Lors de la réunion du CSE, plusieurs mesures spécifiques liées à la géothermie seront discutées :
- Développement des formations pour augmenter le nombre de professionnels qualifiés
- Harmonisation réglementaire pour simplifier les projets de géothermie pour les bâtiments tertiaires
- Industrialisation des chantiers de forage pour réduire les coûts et délais
- Création d’une assurance « tous risques forages » mutualisée
- Renforcement des dispositifs d’aide financière (MaPrimeRénov’, CEE, Fonds chaleur)
Synergie entre GTB et énergies renouvelables
Une tendance majeure qui sera vraisemblablement abordée lors de la réunion du CSE est la complémentarité entre les systèmes de GTB et les solutions d’énergies renouvelables comme la géothermie. En 2025, les bâtiments tertiaires les plus performants sont ceux qui combinent intelligemment :
- Une enveloppe thermique optimisée (RE2020)
- Des sources d’énergie décarbonée (géothermie, solaire)
- Un système nerveux intelligent (GTB) qui adapte en temps réel la consommation aux besoins
Cette approche holistique permet non seulement de réduire drastiquement les consommations énergétiques, mais aussi de participer activement aux mécanismes de flexibilité énergétique devenus essentiels dans un contexte de production électrique de plus en plus intermittente.
Les synergies entre ces trois piliers (réglementation, technologie de pilotage, et sources d’énergie) représentent l’avenir des bâtiments tertiaires performants. Le CSE du 17 juin 2025 pourrait marquer un tournant en formalisant cette vision intégrée dans les politiques énergétiques nationales.
Contexte et stratégie pour les décideurs
La PPE 2025-2035
La réunion du CSE s’inscrit dans le contexte de la finalisation de la troisième programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE 3) qui établit la trajectoire énergétique de la France pour 2025-2035. Ce document stratégique, soumis à consultation publique de mars à avril 2025 FNE12, crée un cadre de référence essentiel pour les investissements énergétiques des entreprises.
Avantages pour les entreprises pionnières
Les entreprises qui anticipent les décisions du CSE et adaptent rapidement leurs stratégies énergétiques bénéficieront d’avantages compétitifs significatifs :
- Conformité anticipée aux futures réglementations environnementales
- Réduction durable des coûts d’exploitation énergétique
- Amélioration de l’image de marque et de l’attractivité auprès des clients et talents
- Accès prioritaire aux dispositifs d’aide avant saturation des enveloppes budgétaires
Les acteurs clés de la décision
La réunion du CSE rassemblera des décideurs influents dont les orientations impacteront directement le secteur tertiaire :
- Des parlementaires (3 députés et 3 sénateurs)
- Des représentants des collectivités territoriales (AMF, RDF, FNCCR, France Urbaine, UNELEG)
- Des professionnels du secteur énergétique et des représentants des consommateurs
- Des experts des industries électrique et gazière Connaissance des Énergies
Jean-Luc Fugit, président du CSE depuis 2022, orchestrera ces échanges déterminants pour l’avenir énergétique des bâtiments professionnels.
Conclusion : convergence des solutions pour un tertiaire performant
La réunion du CSE du 17 juin 2025 représente une étape décisive dans l’évolution du paysage énergétique du secteur tertiaire français. En abordant simultanément les aspects réglementaires (RE2020), financiers (CEE) et techniques (géothermie, GTB), elle devrait fournir aux professionnels une vision cohérente et intégrée des solutions énergétiques disponibles.
La tendance forte qui se dégage pour 2025 est celle de la convergence entre les différentes approches : l’intelligence des bâtiments (GTB) devient le chef d’orchestre qui optimise les sources d’énergies renouvelables (comme la géothermie), le tout dans un cadre réglementaire (RE2020) et incitatif (CEE) qui pousse l’ensemble des acteurs vers l’excellence énergétique.
Les entreprises du secteur tertiaire qui sauront capitaliser sur ces synergies bénéficieront non seulement d’économies substantielles sur leurs factures énergétiques, mais aussi d’un avantage compétitif majeur dans un marché où performance environnementale rime désormais avec performance économique.